poser des limites parentalité bienveillante

Comment poser des limites avec bienveillance à son enfant ?

Sommaire

Accompagner les émotions de son enfant est au cœur de la démarche d’une parentalité bienveillante. Pourtant, face à des sollicitations constantes, à des pleurs, à des frustrations exprimées avec intensité, il est peut être difficile pour un parent de rester calme.

Parfois, la fatigue s’accumule, la charge mentale pèse, et on se sent pris au piège entre deux options : répondre à l’enfant en s’oubliant soi-même ou poser une limite et subir sa frustration. Mais est-ce vraiment un choix entre l’un et l’autre ? Est-il possible d’accueillir les émotions de son enfant sans épuiser ses propres ressources ?

Dans cet article, nous verrons :

  • Pourquoi les émotions de nos enfants réveillent autant les nôtres
  • Comment poser des limites avec bienveillance et pourquoi ces limites sont bénéfiques pour l’enfant
  • Quelles stratégies permettent de gérer ces moments avec plus de sérénité

Pourquoi les émotions de nos enfants réveillent-elles autant les nôtres ?

Un effet miroir puissant

Les enfants vivent leurs émotions avec intensité et sans filtre. Ils n’ont pas encore les outils pour les réguler, ce qui peut être difficile à gérer pour un parent.

Quand un enfant pleure, crie ou s’oppose, cela peut réveiller en nous des émotions profondes : agacement, stress, culpabilité, colère.

Pourquoi ?

  • Parce que ces réactions touchent parfois des blessures inconscientes de notre propre enfance.
  • Parce qu’elles entrent en conflit avec notre besoin de contrôle.

Une étude en psychologie (The Child and Parent Emotion Study (CAPES), 2020) montre que les parents ayant eux-mêmes vécu des émotions non accueillies dans leur enfance ont plus de difficultés à gérer celles de leur enfant.


La fatigue et la charge mentale amplifient tout

Un parent qui manque de sommeil ou qui porte une charge mentale lourde va avoir plus de mal à accueillir les émotions de son enfant. Lorsqu’on est déjà sous pression, la moindre demande peut être perçue comme une surcharge.

La fatigue nous rend plus vulnérable émotionnellement : il est plus difficile de rester patient, de relativiser et de faire preuve d’empathie. On peut se retrouver à réagir de manière disproportionnée, non parce que la situation est extrême, mais parce que notre réservoir émotionnel est vide.

Il est donc essentiel d’identifier les moments où nous sommes plus fragiles et de nous accorder du répit, même si ce n’est que pour quelques minutes, afin de recharger nos batteries, éviter l’accumulation de tensions et agir au mieux avec nos enfants.

parentalité bienveillante comment poser des limites

Comment poser des limites tout en respectant les besoins de son enfant ?

Il est bien évidemment possible de poser des limites tout en restant dans une démarche de parentalité bienveillante. L’enfant a besoin de sentir que ses émotions sont reconnues, mais il a aussi besoin d’un cadre et de repères clairs. Lui poser des limites ne signifie pas le rejeter, mais plutôt lui enseigner que les besoins de chacun comptent.

Pourquoi poser des limites est important pour l’enfant ?

  • L’enfant comprend que les limites font partie de la relation.
  • Il apprend que tout le monde a des besoins, y compris ses parents, et qu’il est important que les besoins de chacun soient pris en considération.
  • Il développe une meilleure tolérance à la frustration.

Transformer une limite en règle : la clé pour un cadre positif

Poser des limites en les transformant en règles permet de développer chez l’enfant un regard plus positif sur ce cadre. Lorsqu’un enfant entend sans cesse : « tu ne peux pas faire ci », « il est interdit de faire ça », « il ne faut pas… », son esprit se façonne autour d’un cadre rigide et restrictif. Cela risque de renforcer un sentiment d’impuissance et de soumission, et l’enfant peut alors voir ces interdictions comme quelque chose de négatif.

À l’inverse, lorsqu’un interdit devient une règle, le champ des possibles s’ouvre ! On prend conscience de ce qui est autorisé, des choix qui existent, et de la possibilité de discuter ou d’adapter les règles.

La méthode du Dr Haim Ginott pour poser des limites avec bienveillance

Dans son livre « Entre parent et enfant », Haim Ginott nous présente une méthode pour établir une règle tout en respectant et en accueillant les émotions de l’enfant :

  1. Reconnaitre et verbaliser le désir de l’enfant :
    « Tu aimerais continuer à jouer encore un peu, c’est ça ? »
  2. Fixer la limite sous la forme d’une règle :
    « La règle, c’est qu’on arrête de jouer à telle heure pour aller se préparer et se coucher. Tu te souviens ? »
  3. Proposer une alternative pour satisfaire l’envie de l’enfant : « On peut mettre ton jeu en pause et tu pourras continuer demain. Si tu veux, on peut choisir ensemble quel jeu tu voudras faire en premier demain matin. »
  4. Accompagner l’enfant dans la verbalisation de sa frustration : « Je vois que tu es déçu(e) parce que tu aimerais encore jouer. Ce n’est pas facile d’arrêter quand on s’amuse bien. »

On peut se servir de cette méthode comme repère pour accompagner les émotions de nos enfants et leur transmettre des règles claires. Mais parfois, on peut avoir du mal à se montrer patient, on peut avoir besoin d’un temps de retour au calme avant de se consacrer aux besoins de notre enfant. Nous allons donc voir dans la prochaine partie quelles stratégies nous pouvons mettre en place pour respecter nos propres besoins tout en restant bienveillant et à l’écoute de ceux de notre enfant.

accueillir les émotions de l'enfant parentalité bienveillante

Stratégies pour gérer les situations de crise avec bienveillance

Faire patienter sans dire juste « non »

Il y a des moments où l’on est occupé avec une tâche ou bien où l’on a simplement besoin de 5 minutes pour souffler un peu. C’est dans ces moments-là que la sollicitation de notre enfant peut nous générer de la frustration, s’il insiste, crie, se met à pleurer parce que vous ne vous rendez pas tout de suite disponible. Un jeune enfant n’a pas encore la notion du temps, et un simple « non » peut lui sembler vouloir dire « jamais », générant ainsi une grande frustration. Il est donc préférable de différer l’action :

  • Tout d’abord, s’asseoir ou s’accroupir pour se mettre à son niveau
  • Poser un cadre temporel : « Je prends quelques minutes pour moi, puis on fait cette activité ensemble. »
  • Accompagner avec un repère visuel : montrer avec les doigts : 1 (je prends un moment pour moi) puis 2 (je reviens vers toi).

Mettre en place un signal non verbal

Plutôt que de tout verbaliser, il est aussi possible d’instaurer un geste repère pour signaler un besoin de calme, comme une main posée sur le cœur ou un doigt levé. Cela permet à l’enfant d’anticiper sans que le parent ait besoin de répéter. Evidemment, ce geste ne se met pas en place en une fois et ne fonctionnera pas à tous les coups.

Créer un espace de retour au calme

Mettre en place un coin spécifique avec des objets rassurants (livres, doudous, coussins) où l’enfant peut aller lorsqu’il ressent une émotion forte. Cela l’aide à s’autoréguler et à comprendre que ses émotions sont acceptées.

Exemple : « Je vois que c’est difficile pour toi mais je dois terminer cette tâche avant de pouvoir jouer avec toi. En attendant que je termine, tu peux aller dans ton tipi, je te rejoins vite. »

Anticiper les moments de crise

Si une situation génère souvent des tensions, instaurer un rituel peut aider : « Avant de sortir du bain, on rince les jouets et on les range. »
Cela permet à l’enfant de se préparer mentalement et d’intégrer la routine.

Se permettre de s’éloigner quand on n’arrive pas à réguler nos propres émotions

Il arrive parfois qu’on n’arrive pas à accompagner les émotions de notre enfant. La fatigue, le stress peuvent mettre notre patience à rude épreuve. Dans ce cas, si l’on sent la colère monter, mieux vaut s’isoler quelques minutes plutôt que de crier sur son enfant. Dire : « J’ai besoin d’une pause pour me calmer » permet d’éviter un débordement émotionnel et montre à l’enfant qu’il est normal d’avoir besoin d’un moment pour soi. Si cela nécessite de quitter la pièce pour un moment de silence, assurez-vous d’abord que l’enfant est en sécurité.

Vous recherchez plus d’outils en parentalité bienveillante ? N’hésitez pas à consulter notre article complémentaire sur la coéducation émotionnelle.

L’importance de prendre soin de soi pour mieux accompagner les émotions de son enfant

Prendre soin de soi en tant que parent est fondamental. On donne souvent l’exemple du « masque à oxygène » dans les avions : en cas d’accident, il faut d’abord mettre son propre masque avant de pouvoir aider les autres à mettre le leur. C’est pareil en parentalité, il faut s’assurer d’avoir assez de ressources pour pouvoir aider son enfant.

Mais dans la réalité, ce n’est pas toujours simple. La société pousse les parents à tout donner : travail, tâches domestiques, vie de famille. Il est très difficile de s’accorder du temps pour nous en tant que parent, mais c’est pourtant une nécessité si l’on veut prendre soin de sa santé mentale et être apte à accueillir les émotions de nos enfants. Être un bon parent, ce n’est pas s’oublier, c’est aussi prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des autres.

Mais alors comment faire ?

  • Déléguer quand c’est possible : Accepter que l’on ne peut pas tout faire seul.
  • S’accorder des moments de pause : Même 10 minutes de respiration, de musique ou de lecture peuvent faire la différence.
  • S’entourer : Ne pas rester isolé, partager avec d’autres parents, trouver du soutien. Vous trouverez sur Materneo un annuaire des Lieux d’Accueil Parents-Enfants (LAEP) pour rencontrer d’autres parents de jeunes enfants.

Et si ces situations sont trop difficiles à gérer seul.e ?

Nos réactions face aux émotions de notre enfant sont influencées par :

  • Notre quotidien : le temps que l’on prend (ou pas) pour nous, la charge mentale, le stress etc.
  • Notre propre histoire / éducation : Les blessures émotionnelles vécues dans l’enfance peuvent ressurgir dans notre parentalité. Les modèles parentaux dans lesquels nous avons grandi influencent notre manière d’interagir avec nos enfants.
  • Nos schémas inconscients : Certaines réactions automatiques découlent de croyances profondément ancrées : « c’est un caprice » , « il faut crier / faire peur pour se faire respecter »

Se faire accompagner peut être une aide précieuse. Sur Materneo, des professionnels spécialisés peuvent aider à mieux gérer ces situations :

 

Être parent, c’est un apprentissage quotidien. Il ne s’agit pas d’être parfait, mais de trouver un équilibre entre l’accueil des émotions de son enfant et le respect de ses propres besoins.

En posant des limites claires et en restant attentif à ses propres émotions, on crée un cadre sécurisant et bienveillant. Se donner le droit d’être imparfait, de prendre du recul et de se ressourcer est essentiel pour une parentalité apaisée.

Enfin, si ces situations sont trop difficiles à gérer seul.e, il ne faut pas hésiter à chercher du soutien auprès de professionnels. Prendre soin de soi, c’est aussi montrer l’exemple à son enfant et lui inculquer qu’il a le droit, lui aussi, d’écouter et de respecter ses propres limites.

Partager cet article
Nos derniers articles
poser des limites parentalité bienveillante

Parentalité bienveillante, Vie de famille

Comment poser des limites avec bienveillance à son enfant ?
fertilité cycle menstruel hormones

Fertilité

Observer son cycle pour optimiser sa fertilité
allaiter en étant enceinte

Allaitement, Grossesse

Allaiter pendant la grossesse : tout ce qu’il faut savoir
livre allaitement

Allaitement, Préparation à la naissance

Allaitement : 4 livres pour vous accompagner
Rechercher un professionnel, une association, un évènement :
Nos derniers articles