La période du post-partum marque un tournant dans la vie des parents. C’est une période de joie intense, mais aussi de défis majeurs. Les changements physiques, hormonaux et émotionnels, combinés à la fatigue liée aux soins du bébé, peuvent rapidement submerger une jeune mère. Dans ce contexte, le rôle du coparent devient central. Son soutien conditionne non seulement le bien-être mental et physique de la mère, mais aussi le bon déroulement de l’allaitement et l’équilibre familial global. Pourtant, ce rôle reste souvent sous-estimé.
Cet article s’appuie sur la thèse de doctorat en pharmacie d’Eloïse Robert, intitulée Dépression post-partum : enjeux, prévention et prise en charge, soutenue en 2024. Ce travail approfondi met en lumière les multiples facettes de la dépression post-partum, ainsi que le rôle primordial du soutien social, notamment celui du coparent.
Comprendre la dépression post-partum
Qu’est-ce que la dépression post-partum ?
La dépression post-partum (DPP) est un trouble psychologique qui survient après la naissance d’un enfant. Contrairement au baby blues, qui disparaît en quelques jours, la DPP est plus durable et intense. Elle affecte entre 10 et 20 % des jeunes mères, bien que ces chiffres puissent être sous-estimés en raison du tabou qui entoure encore ce sujet.
Les symptômes incluent une tristesse persistante, une fatigue écrasante, des troubles du sommeil, un manque de plaisir dans les activités quotidiennes et des pensées négatives, parfois même à l’encontre du bébé. Ces symptômes ne sont pas seulement déstabilisants pour la mère, ils impactent aussi la relation mère-enfant et la dynamique familiale.
Un problème de santé publique sous-estimé
Selon une enquête nationale réalisée en 2021, 16,7 % des femmes rapportent des symptômes de dépression deux mois après l’accouchement, et 27,6 % déclarent un niveau élevé d’anxiété. Ces données montrent à quel point la période post-partum est critique. Pourtant, beaucoup de femmes ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin.

Le rôle clé du coparent dans la prévention de la dépression post-partum
Pourquoi le soutien du coparent est-il crucial ?
Le coparent joue un rôle déterminant pour la santé mentale de la mère. Une étude a révélé que les mères bénéficiant d’un soutien conjugal élevé sont significativement moins susceptibles de développer une dépression post-partum. À l’inverse, l’absence de soutien, ou des tensions conjugales, peuvent aggraver les symptômes dépressifs.
Le soutien peut être émotionnel, pratique ou logistique. Lorsque le coparent s’implique activement dans les tâches quotidiennes, les soins au bébé ou la préparation des repas, la mère se sent moins seule et mieux épaulée. Cela réduit la charge mentale qui, autrement, peut devenir écrasante.
Les conséquences d’un manque de soutien
Un coparent absent ou peu impliqué peut rapidement exacerber les difficultés rencontrées par la mère. Une surcharge de responsabilités, combinée à des nuits sans sommeil et un manque de communication, peut conduire à un épuisement mental et physique. Ce sentiment d’abandon augmente considérablement le risque de dépression.
Une mère qui perçoit un faible soutien de son coparent est deux à six fois plus susceptible de développer une dépression post-partum, selon des études citées dans la thèse d’Eloïse Robert. Ces données soulignent l’urgence de sensibiliser les coparents à leur rôle crucial.
Si vous pensez être concernée par la dépression post-partum, des associations comme Maman Blues peuvent vous aider, n’hésitez pas à les contacter pour trouver le soutien dont vous avez besoin.
Soutenir l’allaitement : une mission partagée
Les défis de l’allaitement en post-partum
Bien que l’allaitement soit souvent présenté comme naturel, il peut être source de nombreuses difficultés. Les douleurs liées à une mauvaise position, les engorgements, ou encore les doutes sur la quantité de lait produite sont fréquents. Ces obstacles, combinés à la fatigue, poussent souvent les mères à abandonner prématurément.
Une étude montre que le manque de soutien conjugal est l’un des principaux facteurs d’un sevrage précoce. Pourtant, avec un soutien adéquat, ces difficultés peuvent être surmontées.
Le rôle actif du coparent dans l’allaitement
Le coparent peut intervenir de plusieurs manières pour soutenir la mère :
Encourager : Les mots positifs renforcent la confiance de la mère dans ses capacités à allaiter.
Participer aux soins du bébé : Changer les couches, bercer le bébé, ou l’endormir soulage la mère.
Alléger les tâches ménagères : Préparer les repas ou faire le ménage permet à la mère de se concentrer sur l’allaitement.
Se renseigner sur l’allaitement : Comprendre les besoins du bébé et les étapes du processus aide à mieux accompagner la mère. Pour cela, il est essentiel de se préparer ensemble à l’allaitement. Vous trouverez sur Materneo des spécialistes de l’allaitement pour vous informer et vous préparer.
Les données montrent que les mères soutenues par leur coparent allaitent 40 % plus longtemps que celles qui se sentent isolées.

Le rôle des professionnels : accompagner les deux parents
Inclure le coparent dans les préparatifs
Les professionnels de santé peuvent jouer un rôle clé pour encourager l’implication du coparent. Dès les cours prénataux, ils peuvent insister sur l’importance du soutien pendant le post-partum. Expliquer concrètement comment aider, que ce soit sur le plan pratique ou émotionnel, permet de mieux préparer le coparent à ses responsabilités.
Pour vous préparer en tant que futur parent, et plus particulièrement en tant que futur papa, vous pouvez vous faire accompagner par des professionnels spécialisés dans l’accompagnement des futurs pères : L’atelier du futur Papa peut vous aider dans cette démarche.
Sensibiliser sur les signes de dépression
Un autre aspect essentiel est de former les coparents à reconnaître les signes de dépression post-partum. Des symptômes comme une irritabilité inhabituelle, un retrait ou une tristesse persistante ne doivent pas être ignorés. En sensibilisant les coparents, les professionnels favorisent une détection et une prise en charge plus rapides.
Le soutien du coparent : un essentiel pour un post-partum apaisé
Le soutien du coparent pendant le post-partum n’est pas une option, c’est une nécessité. Il agit comme un pilier pour la santé mentale de la mère, le bon déroulement de l’allaitement et l’équilibre familial. En étant présent, attentif et engagé, le coparent peut transformer une période éprouvante en une aventure enrichissante.
Les professionnels ont également un rôle clé à jouer pour sensibiliser les jeunes parents à l’importance de ce soutien. Quant aux coparents, ils doivent comprendre que leur implication ne se limite pas à « aider » : ils sont des acteurs à part entière de cette période cruciale.
Ensemble, il est possible de traverser cette étape avec sérénité et de poser les bases d’une vie de famille épanouie.
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Sources
Falah-Hassani, K., Shiri, R., Dennis, C.-L. (2016). Prevalence and risk factors for comorbid postpartum depressive symptomatology and anxiety. Journal of Affective Disorders. [Chiffres sur la prévalence de la dépression post-partum : 10-20 %]².
Enquête nationale périnatale (2021). [Données sur le pourcentage de femmes rapportant une dépression ou une anxiété élevée deux mois après l’accouchement : 16,7 % et 27,6 %].
Goutaudier, N., Séjourné, N., Chabrol, H. (2011). The effect of perceived social support and marital adjustment on maternal postnatal depressive symptoms: The role of stress. Journal of Reproductive and Infant Psychology. [Impact du soutien conjugal sur le risque de dépression].
Thèse d’Eloïse Robert (2024). Dépression post-partum : enjeux, prévention et prise en charge. [Base principale des informations et perspectives liées au rôle du coparent et à l’allaitement].
Brown, A., Davies, R. (2014). Fathers’ roles in supporting breastfeeding: Why their involvement matters. Midwifery Journal. [Chiffres sur l’allaitement prolongé grâce au soutien conjugal : 40 %].